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Le changement, des capacités aux compétences

La recherche du meilleur pour soi-même
 
J’ai pu noter qu’avant-même d’envisager un devenir, l’auteur du possible projet disposait d’un trait de personnalité générant une capacité toute particulière à prendre soin de lui. Autrement dit, cette sympathie doublée de tolérance que l’on appelle également empathie le conduisait à avoir une réelle estime de lui-même.
Je rappelle à celles et ceux que le mot estime interroge, voire, qui lui trouvent une connotation outrancière sur le plan narcissique, que s’estimer consiste tout simplement à s’évaluer à sa juste mesure.
Faut-il encore pour ce faire se porter intérêt. Et rien ne prédestine à une quelconque mésestime de soi autre que des discours charlatanesques, fruits souvent d’un processus pseudo éducatif sur fond culturel. 
De même, je m’insurge contre toute tentative qui laisserait croire que tout est joué dès la naissance (voire, avant) et qu’ainsi le fatalisme serait l’expression de la raison, du soit disant pur bon sens. Fatalisme, pour être viable, qui est parfois doublé du syndrome de victimisation. Celui-ci, auteur d’un confort illusoire, permet alors d’affirmer de manière catégorique que tout ce qui m’arrive ne relève ni de mon pouvoir, ni donc de ma responsabilité. En somme, « je n’y peux rien. C’est la faute des autres ».
Eviter ces pièges tendus, c’est disposer près de soi et pour soi d’un regard critique, objectif, permettant régulièrement de se mettre en juste distance afin de s’offrir un regard introspectif et bienveillant. 
Cet auto diagnostic permet alors, en toute sérénité et loin de toute culpabilité encombrante par son inutilité, d’identifier point par point ce en quoi je suis excellent, bon avec une marge de progression possible ou défaillant. 
Là rentre en ligne de compte la notion de réussite comme sujette à être valorisée et d’erreur que je qualifie de toute aussi vertueuse puisque porteuse d’enseignements précieux en matière d’amélioration par la remédiation. 
Un tel comportement permet de constater que les changements ainsi nécessaires pour accroitre qualitativement son existence nécessitent d’avoir confiance en soi et envie, ce que nécessaire, d’aller toujours mieux.
Les projets qui en résultent n’étant finalement que la conséquence formelle pour bonne part de ce regard porté sur soi-même autant que de la discipline de vie en résultant. Certains objecteront qu’un projet n’a, par principe, pas comme unique finalité un résultat de nature qualitative mais aussi quantitative.
Cela est parfaitement vrai. Au détail près que, de mon point de vue, la quantité n’a de sens que si elle accompagne pour sa réalisation la qualité recherchée.
En résumé, seul celui qui s’aime peut tenir éveillé le génie qui vit en lui.
L’ambition du meilleur avec les autres
 
Cette première condition personnelle étant réunie, je prends le risque de rappeler que nous sommes naturellement autocentrés.
Autrement dit, contrairement à ce que Galilée affirmait il y a quelques siècles, c’est bien l’univers qui gravite autour de notre personne et non l’inverse (psychologiquement parlant !). Le narcissisme fait partie de la nature humaine, loin d’être un défaut.
Mais pour nous en assurer, nous avons un besoin vital des autres pour exister. Là est tout le paradoxe de la condition humaine et l’importance de la reconnaissance qui en résulte. Et il n’y a rien de déraisonnable ou d’excessif à un tel propos.
D’où la raison pour laquelle j’ai introduit ce second chapitre en parlant d’ambition du meilleur « avec les autres » et non pas seulement « pour les autres » (dans le sens où je serais tenté de m’oublier au profit des autres…). Pierre NORA rappelle à très juste titre que « tout producteur intellectuel est engagé dans un processus de reconnaissance ».
MENANDRE, quant à lui, affirmait que « Le fruit le plus agréable et le plus utile au monde est la reconnaissance ». Ce à quoi j’adhère sans réserve au risque de faire bouillir la mésestime des adeptes du don de soi.
Ainsi, tout ce que j’ai énoncé dans le précédent chapitre est alors transposable à la relation que je souhaite établir avec les autres parce qu’à l’identique de celle que je tente de développer avec moi-même sur fond de curiosité et d’intérêt.
Je retiens pour l’essentiel que l’estime, la confiance dans cet autre, dans ces autres, est ce qui va ainsi alimenter mon ambition d’un meilleur partagé.
Et surtout, pour contrevenir à un a priori très ancré culturellement, il me paraît plus prometteur de fonder avant tout les changements profitables sur ce qui génère déjà un bien être relatif partagé par le plus grand nombre (quitte à en consolider l’existence) que de ne se focaliser que sur ce qui dysfonctionne.
Comme disait ma grand-mère : « c’est plus motivant ».
La trilogie du changement : observer, comprendre, construire
Comme vous l’avez compris, je pense que l’aptitude à embrasser le changement et donc les projets qui en résultent dépend avant tout de capacités, de qualités humaines, autrement dit, de savoirs-être.
Ceci étant, imaginer pour demain nécessite de mobiliser aussi des compétences. J’en dénombre trois indissociables. Savoir observer, comprendre et construire.
Observer : cela consiste, pour un temps donné, à abandonner toute velléité d’activisme forcené ou, à l’inverse, d’indifférence passive.
Cela oblige également à un exercice complexe tendant à dissocier sensations et émotions au profit des premières car plus propices à l’objectivation de ce qui nous est donné en spectacle par l’exercice des sens.
Il n’y a rien en effet de plus subjectif et donc de peu exploitable que nos émotions. Observer permet alors de constater de ce qui est au plus proche de la réalité.
Comprendre : c’est analyser, là encore, de la manière la plus objective possible ce que l’on a constaté. Identifier les conséquences de toute nature qui résultent d’une situation donnée ou qui pourraient en découler est une excellente façon de mieux comprendre la raison d’être des situations que nous rencontrons.
Développer ces référentiels intellectuels par l’ouverture d’esprit et l’accumulation de savoirs est indispensable afin d’éviter le risque d’analyses qui n’en auraient que le nom car en réalité génératrices de fictions hasardeuses aux conséquences parfois dangereuses.
Construire : une fois les causes et les conséquences identifiées, il devient beaucoup plus simple et jubilatoire d’envisager le meilleur par l’utilisation de la créativité. 
Des méthodes existent qui ont démontré toute leur pertinence telle que METAPLAN ou le brainstorming.
J’ai pu toutefois constater combien bon nombre d’entre nous avions été peu éduqués à mobiliser notre imagination. 
Il convient donc d’aborder cette étape avec vigilance et bienveillance pour ne pas renvoyer celles et ceux qu’une telle proposition dérouterait à une forme de blocage qui contreviendrait alors à toute contribution au service de l’élaboration collective du projet.
L’humour et l’expérimentation sont deux excellentes façons de dédramatiser une telle situation au profit de la production d’idées puis à la validation des plus réalistes d’entre elles.
Ce réalisme résultant bien entendu de l’adéquation entre objectifs ciblés et moyens disponibles et non pas seulement d’une conciliation acceptable entre changement envisagé et angoisse en relevant.
J’espère ainsi que chacun trouvera au travers de ce court propos matière à changer de façon plus alerte, en toute sérénité. 
Si le stress inévitable généré par le changement doit alimenter notre conscience de manière raisonnable, l’envie est un ingrédient indispensable pour qui veut vivre et évoluer agréablement.
François BOUTEILLE