Il
faut déjà reconnaître que l'environnement de travail, pour ne pas dire
notre environnement de vie en général, est de plus en plus propice à
exacerber nos émotions, à commencer par les plus négatives.
En
effet, notre difficulté croissante à produire des pensées et des actes
sensés dans un contexte plus que jamais opaque génère chez nous toutes
les conditions pour aboutir rapidement à un tsunami émotionnel.
Pour
autant, à l'inverse, imaginer l'ombre de quelques instants un monde
sans émotions à de quoi nous émouvoir et nous inquiéter tout à la fois.
Plus de peur de ne pas réussir, plus de joie lors d'une victoire, plus
de tristesse à l'occasion d'un départ.
Et
les exemples pourraient pleuvoir tant ces émotions, par leur
manifestation permanente, façonnent notre vie en lui donnant tout son
croustillant, sa saveur et parfois son amertume.
Aujourd'hui encore, les chercheurs ne s'accordent pas sur une définition unique selon l'école de pensée à laquelle ils adhèrent.
On
peut toutefois concevoir l'émotion comme une fonction de signal, un
système d'information sur le plan psychologique et physique qui s'active
en réaction à une situation rencontrée.
Notre
cerveau capte une information qui nous affecte. Il nous avertit en
retour de notre vulnérabilité et donc de la nécessaire adaptation qui en
résulte pour nous. Il nous alerte, nous influence mentalement grâce à
la production d'une ou plusieurs émotions fondamentales (la joie, la
tristesse, le dégoût, la peur, la colère, la surprise, le mépris) ou
plus complexes car croisées (la honte, la nostalgie,…).
Il
s'en suit alors une manifestation de nature physiologique telle que,
par exemple, le rire pour la joie, les larmes pour la tristesse, le
rougissement pour la honte, les palpitations pour la peur ou les
tremblements pour la colère.
Tout nous indique que nous allons devoir changer pour préserver notre intégrité.
Bien
que non verbale, cette manifestation peut aussi jouer un rôle
déterminant sur le plan relationnel (n'oublions pas que la communication
que nous entretenons avec les autres est essentiellement non verbale)
au point d'inviter notre interlocuteur de manière plus ou moins
incitative à changer à son tour de posture.
Les
chercheurs contemporains ne nient pas la thèse de Charles DARWIN qui
expliquait la nature très probablement d'ordre génétique (de l'ordre de
l'inné) de l'émotion.
Toutefois,
de récents travaux permettent d'affirmer que son origine est en fait
multiple car elle relève également de l'acquis (éducation, culture).
Autrement
dit, notre relation au monde, pour bonne part lors de nos dix premières
années, nous a conduits en quelque sorte à encoder nos émotions tout en
les étalonnant du point de vue de leur amplitude.
D'où
la notion de subjectivité qui les caractérise. Il est en effet notoire
que nous ne réagissons pas de manière identique sur le plan émotionnel
face au même évènement.
Et, pour ne rien simplifier, les conditions d'expression de nos émotions peuvent évoluer dans le temps.
La place des émotions dans le monde du travail
Le
monde du travail relève avant tout du contrat, c'est-à-dire d'un
échange normé : une rémunération contre une force de travail
(intellectuelle et physique) selon des règles établies.
A priori, il n'y a donc pas de place pour l'univers des émotions.
Dirigeants
comme clients, fournisseurs, collaborateurs, partenaires devraient
organiser leurs relations de manière pragmatique, objective, hors toute
forme de jugement de valeurs, l'analyse critique devant être la pierre
angulaire de l'édifice identitaire et relationnel.
Seul
problème et pas des moindres, celles et ceux qui gèrent la relation de
travail et au travail sont des hommes et des femmes construits pour
l'essentiel d'émotions.
S'organise
alors à l'insu de la plupart d'entre eux une lutte fratricide entre le
domaine maitrisé du raisonnement et celui des émotions débridées.
Des
circonstances historiques, récurrentes ou, au contraire, ponctuelles,
particulières à chacun et résultant des conditions du moment vont alors
donner la prédilection, à son insu et parfois, de manière excessive, à
l'un ou l'autre penchant.
D'où
ce sentiment chez mes clients d'être débordés par leurs émotions. Une
forme d'incapacité à raisonner apparaît alors au profit d'images sorties
tout droit de leur inconscient et de manifestations physiques pénibles
(tremblements, sueurs, palpitations, insomnies,…) toutes fruits des
émotions produites.
Grâce
à quelques méthodes propices au relâchement, je propose à mon
interlocuteur de prendre la distance nécessaire pour réinvestir la
situation rencontrée.
Nous verbalisons les émotions afin de mieux les accueillir en recherchant leur probable origine.
Cela
permet ensuite plus facilement de réinvestir les différentes
sollicitations, cette fois-ci de manière plus raisonnée et analytique.
Cette méthode, dite de dissociation, permet de clarifier autant que
d'apaiser la réflexion comme de mieux réguler les émotions produites,
loin de tout refoulement ou contrôle.
Nous
parlerons alors de développement de l'intelligence émotionnelle. Le
témoignage de mes clients, en fin de séance, est éloquent : "ça y est,
je comprends mon mal être de toute à l'heure, j'y vois plus clair, je
maîtrise mieux ma réflexion et ce que je dois faire".
Les solutions alors échafaudées relèvent autant de la détermination, de l'efficacité retrouvée que de la tempérance.
Il vaut mieux prévenir que guérir
La
place me manque pour prétendre présenter ici de manière exhaustive
toutes les méthodes propices à éviter ce genre de situations extrêmes
pouvant conduire à des manifestations de nature pathologique.
Je
pourrais tenter de les résumer en affirmant qu'il convient avant tout
d'apprendre à mieux se connaître autant que mieux se respecter. Il faut
prendre soin de soi.
Je
constate d'ailleurs que de plus en plus nombreux sont celles et ceux
qui emploient cette expression lors des séparations : "prends soin de
toi".
Je
propose des méthodes de relaxation très simples à utiliser. Bien sûr,
notre culture et l'amour propre qui en résulte nous conduisent souvent à
évoquer avec une certain mépris ou une certaine distance ces moments de
centration sur nous-mêmes, de rééquilibrage émotionnel, pourtant
vitaux.
Les
disciplines, telles que le taïchi chuan, le yoga, la méditation et bien
d'autres encore permettent également de contribuer au développement de
ce bien être. Enfin, des temps réguliers d'entretien avec un thérapeute
ou un coach qualifié favorisent cette prise en charge de soi par
soi-même, de manière exigeante et respectueuse.
Je
suis à présent à votre disposition pour vous accompagner en de tels
moments et ainsi clarifier votre pensée afin de prendre les bonnes
décisions.
François BOUTEILLE